WASHINGTON CORRESPONDANTE
Elle vient tous les ans. Cette année, la conférence lui paraît un peu moins passionnée qu'en 2008 - en pleine campagne électorale -, mais plus de 6 000 personnes se sont quand même déplacées. Agée d'une quarantaine d'années, Elisa demande à conserver l'anonymat parce qu'elle ne voudrait pas "dire des choses négatives sur Barack Obama" alors qu'il n'a encore rien fait d'irrémédiable sur le conflit israélo-palestinien. Mais elle avoue qu'elle n'a "pas confiance". Qu'elle "s'inquiète" de la réaction qu'aurait l'administration américaine "en cas d'urgence" dans la région. "Obama ne s'occupe que d'Obama", reproche-t-elle.
Issue d'une famille qui a fui l'Espagne il y a quatre siècles, elle craint que "l'affection véritable" qui unit Israël et les Etats-Unis ne soit entamée sous l'effet d'une éventuelle crise avec l'Iran. Que la "chaleur" diminue, cette proximité exprimée sur les immenses posters accrochés aux plafonds du Convention Center, qui représentent des générations de rencontres israélo-américaines : Henry Kissinger et Golda Meïr, Ronald Reagan et Menahem Begin, Bill Clinton et Shimon Pérès, George Bush et Ehoud Olmert.
Les "relations comptent". C'est le thème de la conférence annuelle du groupe de pression pro-israélien Aipac (American Israel Public Affairs Committee), qui se tient pendant trois jours à Washington, jusqu'au mardi 5 mai au soir. Avec un nouveau président à la Maison Blanche, un nouveau gouvernement à Jérusalem et une menace iranienne considérée comme "imminente" par certains de ses membres, l'Aipac espère prémunir les relations israélo-américaines contre tout refroidissement. Et s'opposer à ce que le représentant démocrate de New York, Eliott Engel, a décrit comme une tentative de "délégitimer" l'Etat juif partout dans le monde. "Quand je me suis levé ce matin, je me suis demandé quel costume mettre. J'ai choisi celui qui a été fait en Israël", a-t-il raconté sous les applaudissements.
M. Engel s'est félicité de ce que l'assistance à l'étranger, qui est en train d'être examinée par le Congrès, comporte un volet de près de 3 milliards de dollars (environ 2,5 milliards d'euros) pour Israël, soit une somme inchangée, alors que "le gâteau a été réduit de moitié".
"L'ANNÉE DE LA DÉCISION"
Il s'est aussi flatté d'avoir incité le président du Nicaragua, Daniel Ortega, à renoncer à rompre les relations diplomatiques comme il souhaitait le faire à cause de la guerre à Gaza, en le menaçant d'annuler une visite parlementaire à Managua. Quant aux pressions contre l'Iran, "nous avons toutes sortes de résolutions à l'étude, sur des sanctions", a-t-il dit, ajoutant : "Je les ai toutes sponsorisées."
L'un des moments phares de la conférence de l'Aipac est le dîner de gala. L'organisation étale ses relations. Au micro, la lecture des noms des présents prend plus d'une demi-heure. Et ne sont cités que les hommes politiques et les personnalités qui comptent. Parmi les convives figuraient, lundi soir, quelque 300 membres du Congrès - soit plus de la moitié des parlementaires américains -, d'anciens membres du gouvernement Bush (le "faucon" John Bolton a été ovationné), et une soixantaine de diplomates, de l'ambassadeur du Japon à celui du Burkina Faso.
A trois semaines de sa rencontre avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et le président égyptien Hosni Moubarak, le gouvernement Obama a, au contraire, choisi une présence réduite au vice-président Joe Biden. La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, n'était pas là. Il est vrai que le directeur de cabinet de la Maison Blanche, Rahm Emanuel, a été la vedette, dimanche, d'une soirée réservée aux membres de l'Aipac ayant versé plus de 25 000 dollars dans l'année.
Les congressistes ont entendu Shimon Pérès plaider pour la fermeté face à l'Iran. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, leur a parlé en direct, par vidéoconférence, malgré l'heure matinale en Israël. "Pour la première fois de ma vie, a-t-il dit, il me semble que les Arabes et les Juifs voient un danger commun." Il a été applaudi sans exubérance.
Les débats ont tourné plus autour de l'Iran que du règlement de la question palestinienne. "2009 est l'année de la décision", a assuré Charles Perkins, l'analyste militaire de l'Aipac. Le groupe fait du lobbying en faveur du projet de loi présenté par 25 sénateurs, visant à donner à M. Obama davantage d'autorité pour sanctionner les compagnies étrangères exportant des carburants vers l'Iran.
Dans le forum consacré à la défense antimissile, le représentant Mark Kirk, de l'Illinois, a montré des cartes illustrant la portée des missiles iraniens. Lui aussi a exposé le bilan de son action en faveur d'Israël : son travail pour le système de satellites DSP (Defense Support Program), qui a permis à Israël de faire passer sa capacité d'alerte de une minute à onze minutes en 2004. Il a regretté que le Pentagone ait décidé de couper les crédits pour le système de défense antimissiles Arrow 3. "Mais l'Aipac travaille avec le Congrès pour rétablir les fonds", a-t-il assuré.
Eliott Engel, le démocrate de New York, a exprimé sa confiance. "Obama est intelligent. Il vient de Chicago. Il y a beaucoup de Juifs là-bas. Est-ce que cette administration va être une autre administration Carter ? Je ne le crois pas."
Corine Lesneshttp://www.lemonde.fr
4 commentaires:
merci de rebalancer ceci !
http://volaminel.blogspot.com/
bien à toi !
E
volaminel.blogspot.com
de la réactivité mon cher no sioniste...
bises
E
La guerre des hypothèses sur la disparition de l'AF447
http://www.prophtiereconciliationdesnations.blogspot.com
On s'attendait à un article commémoratif du massacre de Sabra et Chatila.
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