Israël dans "l'Europe bruxelloise". Négociations secrètes. |
Francis Wurtz, président de groupe élu à gauche au Parlement européen, a adressé le 11 juin 2008 une lettre aux principaux responsables actuels de l’Europe, dont Nicolas Sarkozy.
Il dénonce les négociations secrètes engagées par l’Union européenne avec Israël, pour accorder un statut d’exception à ce pays aux côtés de l’Europe. Nous reproduisons ici l’essentiel de sa missive et la mise en garde de Jean-Paul Bled, président d’honneur du RIF (Rassemblement pour l’Indépendance et la souveraineté de la France).
Lettre de Francis Wurtz
« Il apparaît que des négociations secrètes sont en cours depuis un an entre l’Union européenne et les dirigeants de l’État d’Israël. Non pas, hélas, pour tenter de débloquer le processus de paix avec les Palestiniens – à cet égard, on ne peut que vivement déplorer l’impunité dont bénéficient les autorités israéliennes, malgré les violations lourdes et permanentes du droit international dont elles se rendent coupables – mais pour examiner une demande proprement inimaginable de la part de Tel-Aviv : celle de conquérir les droits d’un quasi-État membre de l’Union européenne !
Selon certaines sources, il semblerait qu’Israël ne demande rien de moins que sa participation à tous les niveaux aux réunions de l’Union européenne sur les questions de sécurité et de dialogue stratégique ; aux délibérations du Conseil sur le Maghreb et le Machrek comme sur les activités de l’Union européenne au sein de l’ONU ! Tel-Aviv demanderait en outre à pouvoir participer aux Conseils traitant de thèmes comme l’économie, les finances, l’énergie, l’environnement, les transports, les medias, la jeunesse, l’enseignement supérieur ; ou encore à voir constituer une structure parlementaire conjointe Union européenne-Israël...
J’ajoute que l’on apprend que la demande israélienne en question date... du 5 mars de l’année dernière ; qu’un « groupe de réflexion » s’est réuni sur le sujet le... 4 juin 2007 ; qu’une seconde réunion s’est tenue le 9 octobre dernier pour préparer une Déclaration du Conseil. Et tout cela, sans que la moindre information n’en ait été donnée à la représentation parlementaire de l’Union !
Or, le 16 juin prochain (NDLR : 2008) le Conseil d’Association Union-européenne-Israël doit se réunir pour examiner officiellement ce dossier. Etant donné le contexte international dans lequel cet examen intervient – je viens de le rappeler – il paraîtrait totalement inconcevable qu’une suite favorable puisse être réservée à la demande israélienne. Aussi une information autorisée au sujet de cette affaire extrêmement sensible me semble-t-elle indispensable ».
________________
Mise en garde de Jean-Paul Bled
« Tel-Aviv a placé la barre très haut. L’État hébreu ne réclame rien de moins que le droit de participer au Conseil quand y sont discutées des questions aussi majeures que l’économie, les finances, la sécurité, les transports, l’énergie et l’éducation, ce qui reviendrait à lui assurer dans tous ces domaines les avantages d’un État-membre sans avoir à en supporter les inconvénients. On comprend bien que ce statut lui garantirait un droit de regard sur la politique de l’Union européenne au Proche et au Moyen-Orient qui lui permettrait de bloquer tout risque de dérive contraire à ses intérêts...
Si l’Union européenne négocie en catimini avec Israël, c’est qu’on sait bien à Bruxelles qu’un tel accord serait très impopulaire dans les opinons européennes. C’est toujours le même procédé contraire au principe de démocratie : mettre les peuples devant le fait accompli et les empêcher ainsi de développer une opposition efficace.
Sur le fond, un tel accord serait tout aussi condamnable. A supposer qu’il puisse se concevoir, il ne saurait être envisagé avant le règlement équitable du conflit israélo-palestinien. Or, c’est peu dire qu’on n’en prend pas le chemin. Faut-il rappeler qu’Israël n’a appliqué aucune des résolutions votées par l’ONU sur les territoires conquis en 1967 ? Au surplus, contrairement aux engagements pris envers le Quartet, Tel-Aviv continue sa politique d’expulsions à Jérusalem-Est et de colonisation en Cisjordanie...
Conclu dans ces conditions, cet accord serait dommageable aux intérêts de l’Europe, compris non dans l’instant, mais sur la longue durée. Le grand reproche adressé par les peuples de la région à Washington est d’y conduire une politique déséquilibrée ou, pour le dire autrement, fondée sur la pratique des deux « standards », c’est à dire des « deux poids et deux mesures ». A s’aligner sur cette pratique, l’Union européenne s’attirerait le même discrédit...
(Ce choix risque) de porter gravement atteinte au crédit de la France auprès des pays qui, de l’Atlantique au Golfe, comptent parmi ses partenaires ».
Il dénonce les négociations secrètes engagées par l’Union européenne avec Israël, pour accorder un statut d’exception à ce pays aux côtés de l’Europe. Nous reproduisons ici l’essentiel de sa missive et la mise en garde de Jean-Paul Bled, président d’honneur du RIF (Rassemblement pour l’Indépendance et la souveraineté de la France).
Lettre de Francis Wurtz
« Il apparaît que des négociations secrètes sont en cours depuis un an entre l’Union européenne et les dirigeants de l’État d’Israël. Non pas, hélas, pour tenter de débloquer le processus de paix avec les Palestiniens – à cet égard, on ne peut que vivement déplorer l’impunité dont bénéficient les autorités israéliennes, malgré les violations lourdes et permanentes du droit international dont elles se rendent coupables – mais pour examiner une demande proprement inimaginable de la part de Tel-Aviv : celle de conquérir les droits d’un quasi-État membre de l’Union européenne !
Selon certaines sources, il semblerait qu’Israël ne demande rien de moins que sa participation à tous les niveaux aux réunions de l’Union européenne sur les questions de sécurité et de dialogue stratégique ; aux délibérations du Conseil sur le Maghreb et le Machrek comme sur les activités de l’Union européenne au sein de l’ONU ! Tel-Aviv demanderait en outre à pouvoir participer aux Conseils traitant de thèmes comme l’économie, les finances, l’énergie, l’environnement, les transports, les medias, la jeunesse, l’enseignement supérieur ; ou encore à voir constituer une structure parlementaire conjointe Union européenne-Israël...
J’ajoute que l’on apprend que la demande israélienne en question date... du 5 mars de l’année dernière ; qu’un « groupe de réflexion » s’est réuni sur le sujet le... 4 juin 2007 ; qu’une seconde réunion s’est tenue le 9 octobre dernier pour préparer une Déclaration du Conseil. Et tout cela, sans que la moindre information n’en ait été donnée à la représentation parlementaire de l’Union !
Or, le 16 juin prochain (NDLR : 2008) le Conseil d’Association Union-européenne-Israël doit se réunir pour examiner officiellement ce dossier. Etant donné le contexte international dans lequel cet examen intervient – je viens de le rappeler – il paraîtrait totalement inconcevable qu’une suite favorable puisse être réservée à la demande israélienne. Aussi une information autorisée au sujet de cette affaire extrêmement sensible me semble-t-elle indispensable ».
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Mise en garde de Jean-Paul Bled
« Tel-Aviv a placé la barre très haut. L’État hébreu ne réclame rien de moins que le droit de participer au Conseil quand y sont discutées des questions aussi majeures que l’économie, les finances, la sécurité, les transports, l’énergie et l’éducation, ce qui reviendrait à lui assurer dans tous ces domaines les avantages d’un État-membre sans avoir à en supporter les inconvénients. On comprend bien que ce statut lui garantirait un droit de regard sur la politique de l’Union européenne au Proche et au Moyen-Orient qui lui permettrait de bloquer tout risque de dérive contraire à ses intérêts...
Si l’Union européenne négocie en catimini avec Israël, c’est qu’on sait bien à Bruxelles qu’un tel accord serait très impopulaire dans les opinons européennes. C’est toujours le même procédé contraire au principe de démocratie : mettre les peuples devant le fait accompli et les empêcher ainsi de développer une opposition efficace.
Sur le fond, un tel accord serait tout aussi condamnable. A supposer qu’il puisse se concevoir, il ne saurait être envisagé avant le règlement équitable du conflit israélo-palestinien. Or, c’est peu dire qu’on n’en prend pas le chemin. Faut-il rappeler qu’Israël n’a appliqué aucune des résolutions votées par l’ONU sur les territoires conquis en 1967 ? Au surplus, contrairement aux engagements pris envers le Quartet, Tel-Aviv continue sa politique d’expulsions à Jérusalem-Est et de colonisation en Cisjordanie...
Conclu dans ces conditions, cet accord serait dommageable aux intérêts de l’Europe, compris non dans l’instant, mais sur la longue durée. Le grand reproche adressé par les peuples de la région à Washington est d’y conduire une politique déséquilibrée ou, pour le dire autrement, fondée sur la pratique des deux « standards », c’est à dire des « deux poids et deux mesures ». A s’aligner sur cette pratique, l’Union européenne s’attirerait le même discrédit...
(Ce choix risque) de porter gravement atteinte au crédit de la France auprès des pays qui, de l’Atlantique au Golfe, comptent parmi ses partenaires ».
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