mardi 2 décembre 2008

Le président de l’Assemblée Générale des Nations Unies appelle à des sanctions contre l’Apartheid israélien



Par Stop The Wall

Les discours suivants ont été prononcés le 24 Novembre, par Miguel d'Escoto Brockmann, le Président de l'Assemblée Générale des Nations Unies. M. Brockmann devrait être applaudi pour ces discours, car leur contenu était fort - y compris des références à l'apartheid, aux obstacles à la paix imposés par les Etats-Unis, aux intimidations des autorités israéliennes et au dernier mais non le moindre, au mouvement BDS - qui n'avait pas encore été entendu à ce niveau de la diplomatie des Nations Unies.


Le fait que cette déclaration a été faite par un haut responsable de l'Assemblée générale est une étape importante pour la Palestine. Toutefois, cela souligne le grave défaut du système des Nations Unies, que le vrai pouvoir ne réside pas dans les décisions de l'Assemblée générale, mais dans les mains de quelques grandes puissances au Conseil de sécurité.

Ainsi, tandis que le discours de M. Brockmann devrait certainement être considéré comme un signe de progrès pour la solidarité palestinienne, l’accomplissement d’un tel succès ne surviendra que lorsque le système des Nations Unies sera réformé, et que l'organe exécutif de l'institution sera véritablement représentatif du sentiment mondial.



Textes complets des discours :

DECLARATION DU PERE MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN,
PRESIDENT DE L’ASSEMBLE GENERALE DES NATIONS UNIES,


A l’occasion de la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien
Nations Unies, New York, 24 novembre 2008


Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire Général,
Vos excellences,
Frères et sœurs,

C'est avec des sentiments mélangés que je me joins à vous aujourd'hui pour célébrer la Journée internationale de Solidarité avec le peuple palestinien lors de cet événement organisé par le Comité pour l'Exercice des Droits inaliénables des Palestiniens. Comme vous le savez, la solidarité est un concept qui est au cœur de mon travail en tant que Président de l'Assemblée. Je tiens à remercier le Comité pour ses efforts dévoués à notre rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien, poursuivant ainsi le mandat qui lui est confié par l'Assemblée générale.

Aujourd'hui, nous nous souvenons qu’il y a 61 ans ce mois-ci, l'Assemblée générale a adopté la résolution 181 historique, demandant la création d'un État juif et d’un État arabe. L'État d'Israël, fondé un an plus tard, en 1948, célèbre désormais ses 60 ans de son existence. Malheureusement, il n'y a toujours pas d'État palestinien à célébrer.

Comme je l'ai dit dans ma première allocution à l'Assemblée générale en Septembre dernier, je crois que le fait de ne pas avoir créé d’État palestinien comme il l’avait été promis est le plus grand échec dans l'histoire des Nations Unies. 60 ans se sont passés depuis que 800000 Palestiniens ont été chassés de leurs maisons et leurs biens, pour devenir des réfugiés et deq personnes déracinées et marginalisées.

Nous ne pouvons pas éviter l'amère ironie que le mois prochain, nous célébrerons le 60e anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui consacre le droit à l'autodétermination de ces mêmes personnes. Nous assistons à des décennies de conditions terribles endurées dans l'ensemble du territoire palestinien occupé, et la promesse - le droit - du peuple palestinien à une patrie demeure aussi insaisissable que jamais.

Alors que je parle ici aujourd'hui, près de 1,5 millions de Palestiniens subissent un blocus sans précédent dans la bande de Gaza. Tous les points de passage des frontières dans la bande de Gaza sont fermés, bloquant même la livraison de l'aide humanitaire d'urgence fournie par les Nations Unies. Le manque de carburant plonge la population dans l'obscurité et le froid, les médicaments de base manquent, la malnutrition est chronique et les mécanismes d'adaptation des gens sont épuisés.

En solidarité, je demande instamment à la communauté internationale d'élever la voix contre cette punition collective du peuple de la bande de Gaza. Nous devons appeler à la fin de ces violations massives des droits de l'homme. Je demande à Israël, la puissance occupante, de permettre sans tarder l’entrée dans la Bande de Gaza de l’aide humanitaire et autre fourniture.

La situation en Cisjordanie est souvent éclipsée par la crise humanitaire à Gaza. Toutefois, nous ne pouvons pas oublier l'existence de plus de 600 points de contrôle et autres obstacles à la libre circulation à l'intérieur de la Cisjordanie. Nous devons dénoncer la reprise des démolitions de maisons pendant les mois de froid et l’expansion sans relâche des colonies de peuplement qui est toujours officiellement autorisée. L’augmentation sans précédent des violentes attaques des colons contre la population palestinienne doit également se terminer. Bien que différent, ce qui est fait contre le peuple palestinien me semble être une version de la politique odieuse de l'apartheid.

Cette situation intenable souligne le besoin urgent de la reprise d'un véritable processus de paix qui peut produire des résultats tangibles dans un avenir prévisible. Jusqu'à présent, les négociations interminables entre deux partenaires inégaux n'ont pas porté leurs fruits.

Nous avons besoin d'un sentiment renouvelé de solidarité pour inspirer la volonté politique, de courage et d'une perspective plus large du conflit. Cela devrait comprendre la relance de l'Initiative de paix arabe de 2002.

La communauté internationale ne devrait épargner aucun effort pour aider les Israéliens et les Palestiniens à réaliser la solution qui répondra l’objectif de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. L'ONU a la responsabilité permanente de résoudre la question de la Palestine sous tous ses aspects et dans le respect du droit international. Assurez-nous que ce ne deviendra pas une responsabilité permanente.

L'hostilité entre nos frères et sœurs palestiniens et israéliens est une tragédie amère et auto-perpétuée. Nous devons trouver de nouvelles façons de désamorcer cette inimitié, afin de permettre à deux peuples de réaffirmer leurs liens historiques de fraternité.

Je demande instamment à la communauté internationale de désamorcer l'impasse politique qui perpétue, avec cynisme, cette haine, cet isolement et ces abus.

Notre solidarité doit rapidement prendre des mesures concrètes pour réaliser ces droits insaisissables que la plupart d'entre nous peuvent prendre pour acquis.

Merci.





DECLARATION DU PERE MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN,
PRESIDENT DE L’ASSEMBLE GENERALE DES NATIONS UNIES,

57ème session plénière sur l’agenda, article 16
La question de la Palestine

Nations Unies, New York, 24 novembre 2008


Excellences, Frères et Soeurs,

Je suis heureux d'ouvrir cette séance plénière, dans laquelle nous abordons la question de Palestine. Ce matin, avec le cœur lourd, nous avons observé la Journée Internationale de Solidarité avec le peuple palestinien. Je me joins au Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, à l'Ambassadeur Paul Badji, et au Secrétaire général Ban Ki-moon pour exprimer notre préoccupation pour la terrible situation dans la bande de Gaza et la Cisjordanie, et nous exprimons notre solidarité avec ce peuple qui souffre depuis longtemps.

Nous avons entendu le rapport du Président sur la situation actuelle des Palestiniens vivant sous occupation. En outre, le Secrétaire général a résumé la complexité des initiatives qui sont prises par la communauté internationale pour aller de l'avant dans les négociations de paix et la création de l'Etat palestinien.

J’exhorte la communauté internationale d’hausser le ton contre la punition collective de la population de Gaza, une politique que nous ne pouvons pas tolérer. Nous exigeons la fin de ces massives violations des droits de l'homme et demandons à Israël, puissance occupante, de permettre sans tarder l’entrée dans la Bande de Gaza de l’aide humanitaire et autres fournitures.

J'ai parlé ce matin de l'apartheid et de la façon dont les politiques israéliennes dans les territoires palestiniens occupés ressemblaient à l'apartheid d'une époque antérieure, sur un continent lointain.

Je crois qu'il est très important que nous, à l'ONU, employions ce terme. Nous ne devons pas avoir peur d'appeler les choses par leur nom. C'est l'ONU, après tout, qui a adopté la Convention Internationale contre le Crime d'Apartheid, rendant clair pour tout le monde que de telles pratiques officielles de discrimination doivent être proscrites, où qu'elles se produisent.

Nous avons entendu aujourd'hui un représentant de la société civile Sud-Africaine. Nous savons que dans le monde entier, la société civile s'emploie à défendre les droits des Palestiniens, et essaie de protéger la population palestinienne que nous, les Nations Unies, ne parvenons pas à protéger.

Il y a plus de vingt ans, nous, aux Nations Unies, avons repris l'initiative de la société civile lorsque nous avons convenu que des sanctions étaient nécessaires pour assurer des moyens de pression non-violents sur l'Afrique du Sud afin qu’elle mette fin à ses violations.

Aujourd'hui, peut-être que nous, aux Nations Unies, devrions envisager de suivre la voie d'une nouvelle génération de la société civile, qui demande une campagne non-violente de boycott, de désinvestissement et de sanctions afin de faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à ses violations.

J'ai assisté à un grand nombre de réunions sur les droits du peuple palestinien. Je suis étonné de la façon dont les gens continuent à insister sur la patience, alors que nos frères et sœurs sont crucifiés.

La patience est une vertu en laquelle je crois. Mais il n'y a rien de vertueux à être patient avec la souffrance des autres.

Nous devons nous efforcer, avec tout notre cœur, de mettre un terme aux souffrances du peuple palestinien.

J'ai un grand amour pour le peuple juif et cela a été le cas toute ma vie. Je n'ai jamais hésité à condamner les crimes de l'Holocauste ou à l'un des nombreux abus commis contre nos frères et sœurs juifs.

Cependant, leurs souffrances ne donnent le droit à personne le droit d’abuser d’autrui, en particulier ceux qui ont des relations profondes et exemplaires avec ce peuple.

Cela dit, je voudrais rappeler à nos frères et soeurs israéliens que, même s’ils ont le bouclier protecteur des Etats-Unis au Conseil de sécurité, aucun acte d’intimidation ne changera la résolution 181 du Conseil de Sécurité, adoptée il y a 61 ans, appelant à la création de deux États.

Malheureusement, il n'y a pas d'État palestinien à célébrer aujourd'hui et les perspectives sont aussi éloignés que jamais. Malgré toutes les explications, ce fait central tourne en dérision les Nations Unies et nuit gravement à son image et à son prestige. Comment pouvons-nous continuer comme ça?

Je demande à nos chers frères et soeurs au niveau décisionnel de notre pays hôte de mettre fin à la politique qui ne fait que retarder la justice au Moyen-Orient.

La communauté internationale ne devrait épargner aucun effort pour aider les Israéliens et les Palestiniens pour parvenir à une solution qui répondra à l'objectif de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. L'ONU a la responsabilité permanente de résoudre la question de Palestine sous tous ses aspects et dans le respect du droit international. Faisons en sorte que cela ne deviendra pas une responsabilité permanente.

L'hostilité entre nos frères et sœurs palestiniens et israéliens est une tragédie amère et auto-perpétuée. Nous devons trouver de nouvelles façons de désamorcer cette inimitié, afin de permettre à deux peuples de réaffirmer leurs liens historiques de fraternité

Je demande instamment à la communauté internationale de désamorcer l'impasse politique qui perpétue, avec cynisme, cette haine, cet isolement et ces abus. Notre solidarité doit rapidement prendre des mesures concrètes pour réaliser ces droits insaisissables que la plupart d'entre nous peuvent prendre pour acquis.

Merci.
Sources : en anglais et en français

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