dimanche 18 janvier 2009

Deux médecins norvégiens témoignent de l'horreur à Ghaza


Le black-out exercé par les autorités sur les horreurs que vit Ghaza depuis plus de trois semaines, en empêchant les médias internationaux de les couvrir, commence à s'effilocher. Les quelques médecins, dont la plupart travaillent pour des ONG, apportent d'autres éclairages, avec un regard d'Occidentaux. Ces témoignages suscitent énormément d'intérêt puisqu'ils vont servir de base à d'autres ONG et organisations internationales décidées de poursuivre Israël pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

Déjà, certains d'entre eux ont apporté un démenti sanglant aux allégations de Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères de l'Etat hébreu, quand elle a affirmé que son armée mène une guerre au Hamas dans le respect strict des civils. La première brèche dans les affirmations mensongères des officiels israéliens est à l'actif des deux médecins norvégiens, les premiers à être sur le terrain dès la première semaine de l'agression contre Ghaza. Dès leur retour à Oslo, au bout de dix jours au complexe hospitalier Al Chifa, Mads Gilbert et Erik Fosse ont organisé une conférence de presse pour relater ce qu'ils ont vu et vécu. « L'accueil à Chifa était comme une scène de l'enfer de Dante. J'ai pensé que c'est à çà que l'enfer doit ressembler : tous les cris, tout le désespoir, tout le sang, tous les membres arrachés », raconte Mads Gilbert.

Confirmant les propos de son confrère, Erik Fosse dira : « il est difficile de vous décrire l'état actuel de Ghaza. La mort pourchasse tout le monde ». Mads, pourtant aguerri puisqu'il a travaillé sur plusieurs conflits à travers la planète, reconnaîtra : « j'ai beaucoup pleuré à la vue d'enfants mutilés ou morts». Pour sa part, Régis Garrigues, un urgentiste de l'hôpital de Lille et président de l'ONG Help Doctors a évoqué les conditions de vie des médecins faisant face à chaque instant à un flot de blessés. « Il n'y a plus rien à manger. Nos collègues nous ont trouvé un peu de pain, du fromage et une tomate ». Ce qui renseigne sur la situation humanitaire des populations notamment des enfants dans cette poche soumise à embargo par la « première démocratie » de la région du Moyen-Orient. Parlant des blessés que les équipes de secours ne peuvent pas atteindre à cause de l'intensité des bombardements, il explique « ils ne sont pas accessibles et vont devoir attendre des heures pour que la Croix-Rouge internationale obtienne l'autorisation de l'armée israélienne d'envoyer une ambulance ». Et de s'interroger : « comment est-il possible que ce soit ceux qui bombardent qui décident à quel moment les blessés peuvent être pris en charge ?».

Flagrante transgression des conventions de Genève ! Le Lillois ne s'empêche pas d'émettre une réflexion allant dans le sens inverse des sondages publiés par la presse israélienne concernant le génocide de Ghaza : « je ne suis pas persuadé que les mères et les enfants des soldats (israéliens) puissent être très fiers de ces exploits guerriers et meurtriers ». De son côté, Jessica Pourrez, responsable des projets de Médecins Sans Frontières, confirme elle aussi le ciblage même des travailleurs humanitaires « pas un endroit en sécurité, ni les hôpitaux, ni les ambulances, ni les écoles de l'ONU dans lesquelles beaucoup de familles se réfugient ». Elle confirmera par ailleurs que la trêve dite « humanitaire » par Israël n'a jamais été respectée « autant dire que la trêve ne sert à rien ». Harald Veen Fresed, un médecin hollandais travaillant pour le CICR, a lui aussi apporté son lot de témoignages sur les horreurs vécus à Ghaza. Il parlera « des membres mutilés, des cervelles qui sortaient, des tripes à l'air, des blessés qui mourraient après s'être vidés de leur sang. L'afflux (au complexe Al Chifa) était énorme. Il était difficile de faire face. On parait au plus pressé, choisissant ceux que l'on pouvait sauver, délaissant ceux pour qui il était trop tard ». Ce médecin, lui aussi familier des conflits, songe déjà aux enfants mutilés « la guerre ne s'arrête pas avec le cessez-le-feu. Pour beaucoup, elle dure pour des années. Pour la vie ».

D'autre part, des témoignages de médecins recueillis par une chaîne de télévision italienne confirment l'utilisation par l'armée israélienne d'armes méconnues jusque-là, récemment testés par l'armée américaine. « Des médecins ont indiqué qu'un nombre particulièrement important de blessés a perdu des jambes, des corps ont été totalement brûlés et des blessures n'étaient pas accompagnées d'éclats de métal. Certains des médecins ont également affirmé qu'ils avaient prélevé des particules sur des blessures qui ne pouvaient pas être vues au Rayon X. » rapporte la chaîne Rai24 News. Dans ce cadre, El Djazeera a annoncé hier que des médecins ont effectué des prélèvements sur des blessés et des cadavres pour pouvoir les analyser dans des laboratoires spécialisés, afin de déterminer les composantes des bombes utilisées lors de cette agression. Ce travail s'inscrit dans la perspective de porter plainte contre Israël et son armée. Soulignons que ces témoignages connaissent un véritable succès sur la toile. La preuve en est les innombrables commentaires qu'ils suscitent.

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