vendredi 27 février 2009

Un négationniste français soutenu dans sa cavale

Recherché par les justices française et belge, Vincent Reynouard, proche de Faurisson, est aidé par un réseau de sympathisants.

Les justices française et belge l'ont toutes les deux condamné à de la prison ferme pour contestation de crimes contre l'humanité. Pour leur échapper, Vincent Reynouard, 40 ans, vient de trouver refuge en Suisse où sa cavale serait organisée, selon ses propres mots, par «des sympathisants» qui «l'accueillent en toute discrétion».

Le 5 décembre, les magistrats français ont compris que Vincent Reynouard avait choisi d'échapper aux condamnations qui le frappent. Son nom a alors été inscrit sur le fichier des personnes recherchées. La justice belge, elle, a émis «une ordonnance de capture».

Mais en pleine affaire Williamson, la presse a été la plus rapide. La semaine dernière, Reynouard a été localisé dans le quartier bruxellois d'Ixelles par l'édition belge de Paris Match. Le Français et ses sept enfants avaient, écrit l'hebdomadaire, «trouvé refuge dans le fief d'une communauté religieuse catholique dissidente, le sanctuaire Notre-Dame des sept douleurs».

D'après ses proches, il vivait de cours particuliers et, insistent-ils, il est aujourd'hui privé d'argent. «Toute l'existence de cet homme est maintenant basée là-dessus. Il vit de et pour cela», estime l'avocat Raphaël Nisand, représentant de la Licra dans le Bas-Rhin. «Métier : négationniste», résume un autre, intrigué par les origines de ces financements et soutiens ouvertement exprimés.

Un réseau s'est en effet monté autour de ce récidiviste du révisionnisme condamné en 2007 par le tribunal correctionnel de Saverne (Bas-Rhin) à un an de prison ferme, la peine la plus sévère jamais prononcée en France dans une affaire de textes négationnistes. Dans ces dossiers, la détention est rarement prononcée mis à part à l'égard de récidivistes, comme l'universitaire révisionniste Robert Faurisson ou l'éditeur Jean Plantin, ancien étudiant de l'université de Lyon-III, condamné pour avoir édité des livres ouvertement négationnistes.

Exclu de l'Éducation national

Ces deux hommes sont les têtes d'affiche du réseau mis en place autour de Reynouard. Ils étaient présents lors d'une réunion organisée en novembre à Lyon et destinée à le soutenir. Le journal d'extrême droite Jeune Nation et plusieurs sites Internet dénonçant «la répression contre le révisionnisme français» relayent le même message. Un compte a même été ouvert à la banque belge KBC pour recueillir des fonds pour «sa famille» mais aussi - sans que cela soit dit - pour la cavale du fuyard. Tandis que les messages de soutien ne se lisaient que dans les magazines d'extrême droite radicale, on trouve désormais sur Internet des commentaires assumés et parfois sous leur identité réelle, des messages saluant ceux qui ont «rétabli la vérité».

Vincent Reynouard est un nom connu parmi des milieux qui qualifient l'Holocauste de «mensonges officiels». Ancien professeur de mathématiques, exclu de l'Éducation nationale il y a douze ans pour avoir promu des thèses révisionnistes auprès de ses élèves, Reynouard est notamment l'auteur d'une brochure intitulée Holocauste ? Ce que l'on vous cache ? Auparavant, il dénonçait dans une cassette vidéo «la tragédie d'Oradour-sur-Glane : cinquante ans de mensonges officiels».

En septembre 2007, à son procès, l'ancien enseignant avait assumé ses écrits et crâné sur le fait que «passer devant un tribunal ne (l'empêcherait) pas de continuer à écrire sur le révisionnisme». Reynouard était alors assisté par l'avocat parisien Me Eric Delcroix, lui-même poursuivi par le passé pour négationnisme et défenseur de Faurisson et Plantin. À plusieurs reprises, l'avocat et ses clients ont profité de l'immunité réservée aux paroles tenues à l'audience pour affirmer haut et fort leur négationnisme, comme l'a fait ensuite Reynouard. L'avocat est aujourd'hui aussi injoignable que son client.

Dans La Tribune de Genève, qui a pu l'interroger, Reynouard estime que sa logistique est composée de «sympathisants qui veulent garder l'anonymat et qui ne souhaitent pas être ennuyés». Sur un site Web, pendant ce temps-là, ces sympathisants regrettent le fait que la Suisse ait rejeté le week-end dernier le référendum d'initiative populaire proposant l'abolition de l'article du Code pénal helvétique qui réprime le négationnisme. «Cette fois, écrivent-ils, la Suisse n'a pas été à la hauteur.»

http://www.lefigaro.fr/actualite-fra...sa-cavale-.php

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