vendredi 27 mars 2009
L’avenir du conflit Occident-Orient : Est-ce la fin d’Israël ?
Mustapha Cherif Philosophe, cofondateur et premier co-président du Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne. Coordinateur du Forum des Intellectuels Algériens.
Cette semaine se met en place un nouveau gouvernement israélien. Le pire depuis longtemps. Quiconque dans le monde occidental est aujourd’hui sincèrement, à la fois, attaché aux droits légitimes des peuples palestinien et israélien - un Etat viable et souverain pour le premier, une sécurité garantie pour le second - ne peut qu’être atterré par cette évolution, la folie sioniste et la politique israélienne. Les dernières élections dans ce pays pas comme les autres montrent clairement que l’aveuglement atteint le délire. Droite et extrême droite racistes et fascisantes dominent au sein des pouvoirs et des opinions. La supériorité des armes n’a jamais mis à l’abri d’une défaite politique, elle l’a même parfois hâtée et c’est encore plus vrai aujourd’hui où l’opinion mondiale, informée comme jamais, a vu sur ses écrans le déluge de feu qui s’est abattu sur Ghaza, ce camp de concentration, cette immense prison à ciel ouvert asphyxiée par le blocus et quotidiennement pilonnée. Des rares voix juives s’élèvent pour s’opposer à une guerre qui n’atteindra jamais aucun des objectifs, officiels et officieux, que lui assigne le gouvernement criminel israélien : ni l’arrêt des tirs de roquettes sur les villes du Sud, (signal que le Palestinien ne renoncera jamais), ni le démantèlement du Hamas, au contraire installé en fer de lance de la résistance, ni même la capacité de dissuasion de l’armée israélienne, humiliée après l’agression du Liban, ni même le message adressé à des puissances régionales, car le principal perdant de cette opération criminelle et brutale, à terme, ce sont les Israéliens eux-mêmes en Etat suicidaire.
La paix mondiale en danger
Un Etat théocratique, agressif et colonial, géré par une horde de brigands sanguinaires et corrompus, qui détruit l’avenir de toute une région, celle des juifs y compris, parce qu’ils veulent dominer l’Orient et continuer d’exploiter à leur profit le filon de la culpabilité qu’inspire la Shoah. Cette politique irresponsable hypothèque tout le Moyen-Orient et la paix dans le monde pour longtemps. C’est une politique suicidaire pour eux et un obstacle à la libération politique des pays arabes archaïques et corrompus qui sont paralysés par la peur d’Israël. Un rapport de la CIA, pas comme les autres, rapporté par quelques rares médias occidentaux, concernant Israël, fait preuve d’une thèse qu’il ne faut pas négliger. Une étude qui aurait été conduite par la Central Intelligence Agency (CIA) émet des doutes sur la survie d’Israël au-delà des 20 prochaines années. Le rapport de la CIA prévoit «un déplacement inexorable de la solution à deux États vers une solution à un Etat, la solution la plus viable basée sur les principes démocratiques de la pleine égalité qui supprimera le spectre de la menace de l’apartheid colonial, tout en permettant le retour des réfugiés de 1947/1948 et 1967. Ce dernier étant la condition préalable à une paix durable dans la région». L’étude, à diffusion restreinte, prévoit le retour des réfugiés palestiniens dans les territoires occupés et l’exode de deux millions d’Israéliens qui partiront vers les États-Unis au cours des quinze prochaines années. «Il y a plus de 500.000 Israéliens qui ont des passeports américains et plus de 300.000 viennent de Californie», a déclaré dans une interview l’avocat international Franklin Lamb, en ajoutant que ceux qui n’ont pas de passeport américain ou occidental, ont déjà fait la demande. «Je pense donc que, au moins pour la population en Israël, c’est écrit sur le mur...ce qui suggère que l’histoire rejettera tôt ou tard l’entreprise coloniale», a souligné Lamb. Il précise que la CIA, dans son rapport, comme exemple, fait allusion à la chute rapide et inattendue du gouvernement d’apartheid en Afrique du Sud et rappelle la désintégration de l’Union soviétique au début des années 1990, ce qui suggère que la fin du mythe d’un «territoire israélien» arrivera plus tôt qu’on ne le pense. Lamb dit qu’étant donné la conduite folle d’Israël envers les Palestiniens et en particulier dans la bande de Ghaza, le public américain - qui a exprimé des protestations faibles contre les mesures sionistes par le passé - pourrait protester fermement et ne plus supporter l’injustice. Certains membres de la commission des Renseignements du Sénat américain auraient été informés de ce rapport. La récente déclaration de Freeman, personnalité respectée, qui a renoncé au poste de conseiller pour la sécurité, proposé par Obama, et qui a dénoncé les pressions des lobbys sionistes aux USA, commence aussi à faire des vagues. De plus, les tentatives de juger pour crimes de guerre les responsables politiques et militaires israéliens avancent, ce n’est pas un mirage. L’Europe doit assumer avec force l’immense responsabilité historique qui est la sienne dans cet interminable conflit injuste. Tant que le peuple palestinien n’aura pas son indépendance, la guerre sera totale, notamment dans les esprits en Orient. Un peu d’histoire et de mémoire n’est pas inutile pour remettre les choses en perspective. Les Palestiniens peuplaient cette terre réputée «sans peuple pour un peuple sans terre» et en furent massivement expulsés. Il s’agit de ne pas oublier que, colonisations britannique et française inclues, cette histoire est aussi celle de l’Occident qui déforme la réalité, pillent et abandonnent les peuples à leur triste sort.
La responsabilité de l’Europe
Les politiques en Europe ont pour devoir de concilier les positions et surtout de contribuer à la décolonisation, afin que tous puissent coexister dans la liberté et la dignité. A cause de l’intransigeance des Israéliens, trop de pourparlers et d’accords de paix sont jusqu’à présent allés d’échec en échec, en dépit des rares moments où l’on s’est pris à espérer que la raison et la justice l’emportent grâce à quelques responsables suffisamment visionnaires et lucides. Les grandes lignes d’une paix honorable et efficace sont connues, il n’y a rien à inventer et plus d’alibi derrière lequel se cacher pour, une fois encore, en détruire les chances. Il s’agit de l’avenir entre l’Orient et l’Occident. Pour ses responsabilités passées et pour sa responsabilité présente dans l’équilibre du monde, l’Europe doit peser de tout son poids pour que cette guerre de cent ans, qui ne règlera rien, soit enfin la dernière et pour que les enfants de Palestine aient enfin droit à une vie normale dans des sociétés qui ne soient plus dominées par la peur et la haine de l’autre. L’urgence, c’est la mobilisation déterminée de l’Europe, des Etats-Unis, et du monde arabe, pour en finir avec l’immobilisme meurtrier qui a succédé au Processus de Madrid et aux Accords d’Oslo. Force est, malheureusement, de constater que toutes les actions ont été un piteux alignement sur les positions de l’administration américaine d’avant Obama. L’urgence, c’est aussi que chacun comprenne qu’il faut dialoguer et qu’il n’a pas à choisir ses interlocuteurs dans le camp d’en face mais à prendre, tels qu’ils sont, ceux qui représentent effectivement les populations concernées. Le reste, tout le reste, doit en être l’aboutissement, la reconnaissance d’un Etat palestinien souverain et viable. Trop de temps perdu, de mensonges, de promesses non tenues, de malheur et trop, aussi, de politiques inéquitables accréditant clairement l’idée ravageuse d’un «deux poids, deux mesures» dont, toujours les mêmes, sont les victimes. Il est temps de stopper ce fol engrenage qui a transformé de jeunes et fiers lanceurs de pierres des héroïques Intifadas en êtres désespérés. Les jeunes oubliés de la vie seront de plus en plus nombreux à être candidats à la mort. Non par fascination nihiliste ou par fanatisme religieux mais par conviction de n’avoir plus rien à perdre et pas d’autre moyen de faire entendre leur voix. Il est temps de comprendre qu’il en va non seulement de la sécurité de l’Occident et de l’Orient, et de la dignité de la nation palestinienne mais, aussi de l’équilibre et de la sûreté d’un monde où le non-règlement du conflit israélo-palestinien attise le pire et fait diversion aux problèmes des impasses de notre temps. Rien ne sert de déplorer «l’importation du conflit» en Europe, à l’heure d’Internet et des médias télévisés globaux, Ghaza est dans tous les coeurs, les foyers et dans les consciences. Les exclus, les discriminés, les humiliés s’identifient aux humiliés et jugent sévèrement la légèreté avec laquelle la plupart des gouvernements occidentaux, dans cette affaire, bafouent leurs propres valeurs. Voilà pourquoi ce qui se joue en Palestine, ce sont aussi les lendemains à tous car, tôt ou tard, l’histoire présentera la facture. Un effort de lucidité historique de l’Europe et de courage politique du monde arabe sera le meilleur moyen d’aider Barack Obama à assumer les responsabilités politiques des USA. La vie, c’est le compromis. Et l’opposé du compromis, ce n’est pas l’idéalisme, c’est le fanatisme et la mort, dit un poète, Il est temps partout de se tourner vers l’avenir, sans être amnésique. Sinon, ce sont toujours les brutes, les aveugles et les sourds en politique qui seront jugés par l’histoire comme leurs propres fossoyeurs. La fin d’Israël a peut-être déjà commencé.
Mustapha CHERIF Professeur en relations internationales www.mustapha-cherif.net
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1 commentaire:
bien, sauf que je suis de droite antisioniste, et j'en ai marre de voir accoler aux ordures sionistes ce terme qui n'a aucun sens de droite ! pour rappel, la gauche française est la solde du sionisme internationale, dsk et attali et kouchner en tête ! il n'ay ni droite , il y a sionisem (ceux ui ont le pouvoir) et antisionisme !
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